Le Grand Fiasco.
Quel gâchis !
Le plus jeune et huitième Président de la cinquième République, Emmanuel Macron, est élu avec 66,10% des suffrages face à Marine Le Pen qui, elle, obtient 33,90% en dépit d'un face à face tellement calamiteux que je persiste à penser qu'elle était sous "substance" ou qu'elle a délibérément préféré le rôle confortable de l'opposition plutôt que celui, autrement plus exposé, de devoir mettre en œuvre ce qu'elle prône depuis tant d'années.
Avec l'aimable autorisation de l'auteur |
Il est important de garder présent à l'esprit que ce scrutin a été marqué, d'une part, par une abstention de 25,4 %, ce qui constitue un taux relativement important pour un second tour d'élection présidentielle, et, d'autre part, par un record de votes blancs ou nuls, à savoir plus de 4 millions.
Ceci sans négliger un premier tour où tout s'est joué dans un mouchoir de poche puisque les scores obtenus étaient respectivement de 24,01% pour Emmanuel Macron, 21,30% pour Marine Le Pen, 20,01% pour François Fillon et, enfin, 19,58% pour Jean-Luc Mélenchon.
Avec seulement 4,43% des suffrages séparant le mieux placé des candidats du quatrième, reconnaissons qu'il s'en est fallu de peu que nous les ayons, tous ... "en même temps".
Deux ans plus tard, en mai 2019, les élections européennes accordent, avec seulement 0,92% d'écart, une courte majorité, certes, mais majorité quand même au candidat Rassemblement National face à la candidate de la République en Marche.
Tout ceci pour montrer que, de consultation en consultation, l'ex Front National n'en finit pas de progresser, que les jeux sont loin d'être faits au point que, persuadés d'avoir tout essayé depuis 1981, je redoute que les Français, perdant toute timidité et retenue, ne finissent par franchir gaillardement le "Rubicon", sans mauvais jeu de mots, en 2022 voire, peut-être même, avant !
Je ne comprendrai jamais pourquoi ou comment, de mandat Présidentiel en mandat Présidentiel, le chômage ne cesse d'augmenter, le niveau scolaire de baisser, la dette de se creuser et la France continuer à mener grand train alors qu'elle n'en a authentiquement plus les moyens.
L'Orphelin.
Au terme de son mandat, Nicolas Sarkozy avait reconnu s'être heurté à ces "corps intermédiaires" qui englobent les divers syndicats, la haute fonction publique, les nombreuses associations, des institutions comme le Conseil économique, social et environnemental sans oublier, bien sûr, les médias. Des "pouvoirs" qui, en fonction des circonstances, des réformes à effectuer ou, encore, de leurs éventuelles sympathies, ou non, à l'égard du Pouvoir en place pourront constituer d'indispensables courroies et relais de transmissions ou être autant de facteurs de blocages, d'inertie et d'obstacles à contourner...
Si, dans un premier temps, Emmanuel Macron a semblé s'affranchir de ceux-çi allant même jusqu'à se voir reprocher, par certains médias, d'avoir ses "propres images diffusées par ses propres journalistes", ce qui pouvait être tout à fait positif dans un premier temps, il s'est rapidement, et littéralement, retrouvé orphelin, faute d'avoir su attirer à lui l'opinion des "corps" ou "pouvoirs populaires" pourtant indispensables.
Le fiasco.
Nous apprenons aujourd'hui [11 juin 2020] par un tweet, non encore démenti, qu'il "envisagerait" de mettre son titre en jeu, à savoir démissionner, pour être réélu et, ce, en misant sur l'absence d'adversaire crédible.
Affublé d'une image de "Président des riches" qu'il aurait pu aisément retourner à son profit en revendiquant être celui des "Français qui souhaitent devenir riches", ce qui aurait été infiniment plus porteur et rassembleur, après avoir mis le feu au pays en imposant les très "techno-bureaucratiques" 80 km/h, sur route, accompagnés d'un durcissement et enchérissement des contrôles techniques, fait subir aux français des semaines de grèves des transports en dépit d'une réforme des retraites parfaitement nécessaire, la gestion calamiteuse d'une épidémie qui a vu passer les instances gouvernementales du "déni" à la psychose, en passant par une infantilisation scandaleuse, une crise économique, et donc sociale, que la France n'aura sans doute jamais connue, des effets de manches pour toute réponse à l'immigration et à la progression inéluctable d'un communautarisme plus ou moins haineux, une dilution de l'autorité d'un État terrorisé à l'idée d'une affaire Malik Oussekine 2.0 et qui préfère "faire payer le costard", c'est à dire celui dont la tenue vestimentaire ne laissera pas redouter qu'il mette le feu à trois bagnoles en hurlant au racisme etc..
... tout ceci ne lui étant pas uniquement imputable puisqu'il ne s'agit, dans bien des cas, de rien d'autre que de l'héritage de quelques mandats antérieurs et, accessoirement, du résultat de ce que je qualifie, depuis longtemps, de "Politique de l'agénésie testiculaire"...
L'alternative.
Aujourd'hui, donc, il envisagerait une "démission" pour retrouver un socle et une légitimité électorale, alors qu'un tel coup de poker me fait infiniment plus craindre une convergence, non pas des luttes, mais "des oppositions", justifiées ou simplement viscérales, qui ne me pousse pas vraiment à miser ma chemise, ou alors une vieille, sur la réélection d'un capitaine qui donnerait l'impression d'abandonner le navire en pleine tempête tout en espérant que l'équipage, déjà en pleine mutinerie, ferait tout pour le retenir...
Il y aurait, peut-être, une autre solution, celle de rebondir, de transformer l'échec en réussite en prenant acte d'un fiasco qui n'est pas totalement étranger à des lourdeurs bureaucratiques et normatives, dénoncées depuis des décennies sans avoir jamais été corrigées, en dépit du "choc de simplification", promis par François Hollande, et dont on n'a jamais vu la couleur, en misant sur l'adhésion de l'opinion, quelque peu chauffée à blanc actuellement, pour renverser la table, tourner le dos à notre sempiternelle habitude de toujours repousser à plus tard la résolution de problèmes néanmoims déjà parfaitement identifiés bref de cesser de se dire "le pays claudique et boite de plus en plus bas mais, jusque là, tout va encore à peu près bien" car, aujourd'hui, nous avons gaillardement franchi le redoutable ... "jusque là" !
Le problème n'est plus de savoir ce qu'il faut faire, mais comment le faire et cette crise peut en fournir l'occasion. Des réformes structurelles, douloureuses à n'en pas douter et en profondeur, mais pour être en mesure d'affirmer "PLUS JAMAIS CA" !