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Les "Printemps Arabes".

 

 


Comment pouvons-nous être à ce point incorrigibles et faire, sans cesse, les mêmes erreurs ? A la moindre évocation du mot "Révolution", où qu'elle se produise et quels qu'en soient les protagonistes, hommes politiques, intellectuels, médias, en général, et journalistes, en particuliers, frappés du même mal, perdent tout sens critique et basculent dans le fantasme.

Depuis le "Printemps de Pékin" qui avait vu nos brillants chroniqueurs, en toute méconnaissance de la culture et de la mentalité Chinoise, assurer que l'armée allait fraterniser avec les étudiants pour recevoir un démenti cinglant, parfaitement prévisible et taché de sang à ces "Révolutions Arabes" qui ont fait saliver, une fois de plus, nos maîtres à penser alors que j'en avais prévu l'évolution, dès le 15 janvier 2011, dans l'article "Bye Bye Ben Ali" sans oublier les brillantes prises de position de notre Jean-Paul Sartre national lors de l'entrée des Khmers Rouges dans Phnom Penh ni le culte voué, même dans une fort belle chanson, à cet assassin de Che Guevara ni, encore, la nostalgie de certains à l'égard d'un Fidel Castro dont la notion de démocratie doit être perçue comme proportionnelle au nombre d'opposants emprisonnés. J'en arriverais presque à craindre que le mot "marxisme" puisse être capable, chez certains individus prédisposés, de provoquer un court-circuit neuronal.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur
Par quel délire et en vertu de quelle prétendue supériorité culturelle avons-nous pu supposer, ne serait-ce qu'une seule seconde, que des populations qui vivaient sous le joug de dictateurs depuis des dizaines d'années allaient, en quelques semaines, construire une démocratie, à l'image de celle que nous pensons être le modèle universel, alors que la mise en place de la nôtre a pris de nombreuses années, ponctuées, il faut être honnête, de quelques soubresauts, terreur et petits hoquets.

Si, quoi qu'on en dise, nous vivons dans une démocratie, notre modèle n'est pas exportable à un quelconque de nos voisins Européens, et réciproquement, ne serait-ce que pour d'évidentes raisons historiques, culturelles et, même, cultuelles.

Cultuel... nous y voila, le mot est lâché. Si nous avons, péniblement, réussi à bâtir un État laïc en substituant à la Bible, livre Sacré des uns, deux autres livres, tout aussi sacrés, mais pour tous, un Code Civil et un Code Pénal, le Coran, lui, associe en un seul Livre, les préceptes religieux, un Code Civil et un Code Pénal et il n'est pas question de les séparer, il est "intangible".

En plus de leurs exactions financières et de leurs atteintes aux Droits de l'Homme, Ben Ali, Moubarak et l'inénarrable Kadhafi ont en commun d'avoir commis la faute d'imposer à leurs populations un Code Civil et un Code Pénal hérités de la colonisation donc d'esprit quasi occidental.

Tunisiens, Égyptiens et Libyens, en attendant les autres, après avoir eu la sensation de pratiquer leur religion d'une manière incomplète, puisque privés de la mise en application d'un bon nombre des pages de leur Livre Sacré, en l'occurrence celles de la Charia, il était normal, logique, humain et, donc, parfaitement prévisible qu'après leur avoir longtemps fait chasser le naturel, celui ci reviendrait au grand galop.

Quant à tous ceux qui, aujourd'hui, la mine contrite de s'être, peut-être, quelque peu trompés, je leur propose, pour l'avenir, de méditer la célèbre sentence de Rudyard Kipling ... "L'Est est l'Est, et l'Ouest est l'Ouest, et jamais ils ne se rencontreront" ...

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