État de disgrâce.
Avec l'aimable autorisation de l'auteur |
Il est facile, tout comme ils l'ont fait pendant cinq ans, de critiquer, de comparer l'évolution de la cote de popularité de l'équipe gouvernementale au record de chute libre de Baumgartner, d'affirmer que le Président manque de charisme, de supputer l'ascendant que pourrait, ou non, avoir sa compagne, d'affirmer que le premier Ministre, lui, manquerait d'autorité, de gloser, à l'envi, sur une manche de chemise qui dépasse du veston, bref de tirer sur une ambulance mais, ce qui est indiscutable, c'est que cette élection présidentielle est le résultat d'un extraordinaire travail de sape de la part des médias et d'une succession d'impondérables aboutissant à de regrettables erreurs de casting.
En effet, le candidat naturel et tout désigné pour s'opposer à Sarkozy, en 2012, était DSK et, dans un tel cas de figure, il paraissait évident à tous, même à droite, que l'affaire était pliée d'où une fantasmatique théorie du complot qui a occupé la presse un certain temps. Manque de chance, et surtout pour notre colosse aux couilles d'argile, sa candidature a fait, à la fois, un pschiiiittt planétaire et laissé le Parti Socialiste orphelin du candidat charismatique qui n'allait faire qu'une bouchée de notre pauvre Nicolas.
Las, après un tel trou d'air, il fallait lui trouver un remplaçant, et en urgence. Après le recours à des primaires urbi et orbi, ouvertes même à ceux qui ne se sentaient que "des sensibilités" de gauche, dans un enthousiasme de façade, le choix socialiste se porte sur François Hollande...
... Faute de mieux, serais-je tenté d'ajouter sans toutefois être le seul, car ses propres troupes ne l'imaginant pas réellement l'emporter, nombre de quadras Socialistes préfèrent jouer la sécurité, obtenir l'investiture du Parti et miser sur les élections législatives à venir.
Portés par la "vague rose" et entrés en force à l'Assemblée Nationale, ceux-ci manquent cruellement au sein de Cabinets Ministériels en les privant d'équipes plus au fait des problématiques économiques locales. Glissons, pudiquement, sur une inexpérience qui, parfois, leur fait découvrir que des règles Constitutionnelles ont le mauvais goût d'interdire la tentation de réaffecter, au profit du budget général, le produit de certaines taxes ou, encore, qu'une loi, aussi justifiée soit-elle, ne saurait être rétroactive... Par ailleurs, les socialistes, tout en reconnaissant les divers couacs gouvernementaux, se défendent en plaidant la "nécessaire réadaptation" après avoir été éloignés du pouvoir pendant une décennie. Si une telle excuse peut sembler justifiée, elle nous autorise, en retour, à nous interroger sur leur "capacité" à avoir absolument et systématiquement tout critiqué et dénigré pendant les cinq dernières années, ainsi que sur la "justesse" du détricotage forcené de ce qui, malgré tout, avait pu être réalisé.
Le plus bel exemple, pour ne pas dire le plus croustillant, restant celui du jeu de yoyo de la TVA Sociale. Évoquée, dès 2007, par Borloo pour tenter de rendre notre coût du "travail" moins pénalisant dans la compétition internationale, enterrée aussitôt mais réapparaissant, à l'instigation cette fois de Sarkozy, quelques mois avant l'élection présidentielle, pour se voir aussitôt torpillée par la gauche et les syndicats en des termes qui auraient fort bien pu laisser augurer de sa définitive mise aux oubliettes mais, comme le phénix, la voir renaître de ses cendres à l'instigation ultime de ceux qui auront, également, contribué à nous faire perdre cinq ans.
Quant au fameux "bouclier fiscal", auquel, du tac au tac, Martine Aubry répondait par son célèbre "bouclier social", ce "cadeau aux riches", si choquant aux yeux de certains, quelques mesures fiscales quasi confiscatoires et la fronde immédiate des "Pigeons" auront été suffisantes pour que, quelques mois à peine après son arrivée au pouvoir, la gauche reçoive en pleine figure la révélation qu'à force de tuer la poule aux œufs d'or de l'entrepreneuriat, celui-ci risquait de jeter l'éponge Hexagonale avec des conséquences sur l'emploi trop criantes pour être négligées.
Reconnaissons qu'après nous avoir tant appris à aimer détester Nicolas Sarkozy, la vie politique Française est devenue aussi insipide qu'un épisode de la série Dallas sans J.R. Ewing !Ce n'est pas se rendre coupable d'un anti-socialisme primaire et viscéral que de garder présent à l'esprit que l'actuelle majorité a refusé, en bloc et systématiquement, toutes les propositions, les initiatives et les projets de l'ancienne équipe pour, maintenant, les reprendre à son compte, souvent sous un autre nom, mais fortement aidée en cela par la palette de synonymes que la richesse de la langue Française autorise. Certes, sans jeter le bébé avec l'eau du bain, les torts sont partagés car nos hommes politiques, tous bords confondus et à des degrés divers, nous ont habitué à balancer, sans cesse, entre "ce qu'il fallait faire" et "ce qui permettait d'être élu", avec les conséquences économiques que l'on connait aujourd'hui et trois bons millions de chômeurs qui ne se sont pas fabriqués en six mois seulement ni, soyons honnêtes, un déficit abyssal qui n'est pas, non plus, apparu aussitôt après l'élection de mai 2007 !
A force d'entendre critiquer pendant cinq ans sa façon de conduire la France, de rouler trop vite, trop lentement, de freiner trop tard, d'accélérer trop fort, de donner des coups de volant, de donner mal au cœur ou de ne pas prendre la bonne route, j'en arriverais presque à me demander si notre ancien Président, quelque peu lassé de tout cela, n'aurait pas stoppé le véhicule, en serait descendu, fait le tour, ouvert la portière côté passager et dit à celui-ci ... "Tu veux le volant, alors prends-le !"